Franchir la frontière à vélo : la Vennbahn fête 10 ans de mobilité lente

La Vennbahn peut se parcourir depuis le nord, à Aix-la-Chapelle, ou depuis le sud, à Troisvierges. Comptez une journée pour effectuer la totalité du parcours pour les cyclistes confirmés (vélo électrique ou non) et deux ou trois jours pour les cyclotouristes. En partant de Butgenbach et en pédalant une trentaine de kilomètres vers le nord, en longeant les Hautes Fagnes, nous voici à Montjoie. Et depuis Butgenbach vers le sud, également à 30 kilomètres, voilà la petite ville de Saint Vith.

Au bout de la Seestrasse à Butgenbach, dans le bas du village, à proximité du lac, se trouve un panneau qui donne un aperçu du tracé de la Vennbahn et des explications sur le village. Les couleurs de la Vennbahn sont parfaitement reconnaissables, soit le bleu et le jaune. Les premiers kilomètres suivent le bord du lac et son eau scintillante. Après un petit échauffement jusqu’à Weywertz, je bifurque vers le nord et j’atteins rapidement les abords des Hautes Fagnes.

Je profite sur plusieurs kilomètres de vues sur la réserve naturelle et ses tourbières, ses marais et ses graminées. Je m’arrête à l’ancienne gare de Sourbrodt, où il est possible de suivre un autre sentier cyclable qui part vers le Signal de Botrange et la Baraque Michel, deux points culminants de la Belgique au cœur des fagnes. La Vennbahn, elle, va vers le nord. Les paysages ouverts sur la steppe font place à une région plus boisée.

Imperceptiblement, j’entre sur le territoire allemand à vélo. A Leykaul, le vieux wagon de chemin de fer aménagé en gaufrerie m’invite à une pause. Puis, j’entame le tronçon vers Montjoie, où je me mêle aux badauds et à la vie touristique de l’ancienne cité des drapiers.

La voie ferrée à l’origine de la Vennbahn date des années 1880. Les Cantons de l’Est font alors encore partie de l’Allemagne.

C’est après la Première Guerre mondiale que la région et la voie ferrée intègrent le giron belge. La Vennbahn est donc un territoire belge, mais qui traverse des enclaves allemandes. En empruntant cette voie, on franchit plusieurs fois la frontière sans même s’en rendre compte.

Liaison adéquate entre les zones industrielles d’Aix-la-Chapelle et le nord du Luxembourg, l’ancienne voie ferrée a autrefois contribué à la prospérité économique de la région.

À l’embranchement de Weywertz, j’emprunte cette fois la route sud. La Vennbahn vers Saint Vith passe principalement par des prairies, des champs, des chemins forestiers et des villages. À Faymonville, je franchis non pas la frontière d’un pays, mais la frontière linguistique. Ce village fait partie de Waimes, une des deux communes francophones des Cantons de l’Est.

Je poursuis mon périple à travers le village de Montenau, où la Vennbahn longe le bâtiment des salaisons « Montenauer ». Je passe ensuite par la vallée de l’Emmels et accède au charmant village de Born. Après une petite pause rafraichissante, je me remets en selle en direction du lieu-dit « Zur Eidt » avant de rejoindre Saint Vith. Je m’offre un petit gâteau et un café dans une boulangerie bien accueillante avant d’entamer le retour. Comme je connais le chemin, je ne me soucie pas de mon orientation et du coup, je profite doublement du paysage !

Si la Vennbahn attire surtout les cyclistes par son asphalte silencieux et ses faibles dénivelés, les marcheurs sont également friands du calme de la nature. Nous nous croisons d’ailleurs souvent sur les aires de repos, ce qui crée une sorte de lien entre nous. Les cyclistes et les promeneurs se saluent joyeusement, en néerlandais, en allemand ou en français.

Des tables de pique-nique et des abris sont aménagés le long du parcours. Les anciens wagons ou postes d’aiguillage qui font aujourd’hui office de cafés sont un peu insolites. Les occasions de se poser et de déguster une bière (locale), un soda ou une glace en terrasse sont multiples. C’est juste parfait pour les amateurs de tourisme lent en quête de détente et de quiétude.

Le parcours commence à la périphérie immédiate du centre-ville d’Aix-la-Chapelle, lieu très facilement accessible par train depuis Bruxelles. Après Aix-la-Chapelle, on passe par Raeren et ses alentours verdoyants, la typique cité de Montjoie, les splendides Hautes Fagnes, la région du lac de Butgenbach, la ville de Saint Vith, la romantique vallée de l’Our et enfin Troisvierges juste après la frontière luxembourgeoise. Il est possible d’effectuer le parcours en plusieurs étapes et de trouver des lieux d’hébergement le long ou à proximité de la Vennbahn. Le Vennbahn fait partie du réseau RAVel (acronyme de Réseau Autonome des Voies Lentes) de la Région wallonne.

Accéder à Aix-la-Chapelle ou à Troisvierges en transports en commun est tout à fait possible. Vous pouvez aussi vous rendre au point de départ choisi en voiture et réserver un taxi qui vous y ramènera après votre voyage de 125 km à vélo sur la Vennbahn.

Pour plus de facilité encore, réservez une offre forfaitaire comprenant les nuitées, la demi-pension, les paniers-repas et même les transferts de bagages et la location de vélos (classiques ou e-bike). Tout est possible sur demande, et les établissements proposés disposent toujours d’un local sécurisé pour les vélos.

Consultez le site www.vennbahn.eu de la Vennbahn et laissez-vous tenter par un voyage dans les Cantons de l’Est !

L’emblématique Vennbahn, qui traverse les Cantons de l’Est de la Belgique et franchit trois frontières, fête son 10e anniversaire.

Christoph Hendrich, responsable du projet de la Vennbahn, explique les atouts de ce projet unique.

Un projet transfrontalier innovant a vu le jour en 2013. L’ancienne voie ferrée reliant Aix-la-Chapelle et le Luxembourg a été muée en piste cyclable reliant 3 pays.

« Au lancement du projet, il était prévu de connecter entre elles les pistes cyclables existantes en Allemagne, en Belgique et au Grand-Duché de Luxembourg. La Vennbahn, qui traverse les Cantons de l’Est, emprunte les mêmes voies que celles qui servaient autrefois au transport du charbon par train. La réalisation de cette voie cyclable sur l’ancienne ligne de chemin de fer a permis de faire renaître l’histoire de la région » déclare Christoph.

Cette année, en 2023 donc, la Vennbahn, cette longue voie cyclable plusieurs fois primée au niveau international, fête ses dix ans d’existence. « Ce dixième anniversaire mérite d’être fêté ! Ca fait une décennie que la piste cyclable relie des villes, des cultures et des langues. Le tracé traverse la frontière quatorze fois, et ça aussi, c’est un fait qui rend ce parcours si unique. »

Au cours de leur balade, les cyclistes découvrent des espaces boisés et de charmants villages. « La Vennbahn traverse différents types de paysages : des buffles qui paissent en toute quiétude dans des prairies verdoyantes, de magnifiques lacs et des panoramas à couper le souffle », s’enthousiasme Christoph. « L’itinéraire relie également des villages authentiques. La combinaison entre nature, histoire et culture attire un large public. Depuis l’inauguration de la Vennbahn, le cyclotourisme connaît un véritable essor dans la région. »

« On me demande souvent quelle partie de la Vennbahn je préfère… Si je dois absolument faire un choix, j’opte pour le tronçon reliant Küchelscheid et Sourbrodt. Le paysage y est incroyablement varié. Entre le clapotis de la Rur, les vastes prairies et les zones boisées, des vestiges de l’ancienne voie ferrée rappellent le passé de la Vennbahn. Cette courte partie du tracé reflète tout ce qui fait l’unicité de la Vennbahn, de ses paysages, de son histoire et de la transition entre les parties germanophone et francophone. »